dimanche 21 septembre 2014

mercredi 17 septembre : Apple se prépare au gigantesque marché de la ‘maison intelligente’

Apple se prépare au gigantesque marché de la ‘maison intelligente’

Depuis plus de 100 ans, les inventeurs ont du mal à trouver des moyens d’améliorer le simplissime interrupteur électrique. Comparé à la technologie compliquée d’aujourd’hui, il est fiable, intuitif et facile. Il n’est jamais à plat, ne nécessite pas de reconfiguration et n’a jamais besoin d’une mise à jour de système d’exploitation.
Alors, quand il s’agit de rendre les appareils domestiques “intelligents” en ajoutant des applications mobiles et des connexions Bluetooth ou Wi-Fi, la marge de progression est grande et la possibilité d’y parvenir sans semer de confusion ni ajouter de la complexité est faible.
Dans ce pagaille arrive Apple, qui promet constamment de simplifier, de clarifier et de faciliter l’utilisation, même si la plupart des gens ne voient pas encore l’utilité d’avoir une “maison connectée”.
Pendant de nombreuses années, seuls les nantis pouvaient se permettre des systèmes automatiques chez eux. Les travaux d’installation des systèmes pour contrôler la lumière, la chaîne stéréo ou le chauffage sont importants et coûtent généralement plusieurs milliers d’euros ou de dollars.
L’omniprésence des appareils mobiles et la baisse des coûts des puces de connexion sans fil et d’autres composants électroniques ont permis aux petites et grandes entreprises de proposer des appareils moins chers.
Les grandes entreprises d’électronique, comme Philips avec ses ampoules Hue ou Belkin qui fabrique avec sa gamme WeMo des interrupteurs et accessoires, vendent des produits entre 50 et 200 dollars permettant de contrôler depuis un smartphone les parties de la maison auparavant “muettes”.
Plusieurs start-up dans ce secteur ont réuni plusieurs millions de dollars de financement en capital-risque au cours de l’année écoulée ; parmi elles, Dropcam et Canaries, deux fabricants de caméras de sécurité sans fil, August, un fabricant de verrouillage intelligent, Quirky, qui fabrique des appareils domestiques en “crowdsourcing”, et SmartThings, un outil central pour tous les contrôler.
CB Insights, qui étudie le secteur tech, avait calculé qu’entre 2012 et fin 2013, les investisseurs de capital-risque auraient investi 468 millions de dollars dans les start-up de maisons intelligentes.
Toutefois, seuls les laboratoires Nest, fabricant de thermostats qui enregistrent les habitudes de leurs propriétaires, ont récolté le genre de gains financiers que les investisseurs recherchent. Lorsque Google a payé 3,2 milliards de dollars pour acquérir Nest au mois de janvier, cela a été perçu comme une approbation du concept de maison connectée, mais la société du moteur de recherche n’a pas encore défini sa vision du marché.
D’ici quelques jours, Apple va battre Google à plates coutures lorsqu’il révèlera ses projets pour une maison intelligente, selon des personnes proches des préparatifs de sa conférence, la Worldwide Developers Conference, à San Francisco.
Le marché de la maison intelligente “est tellement nouveau, aujourd’hui, ce n’est qu’un marché d’amateurs”, explique Jan Dawson, analyste tech chez Jackdaw. “Il n’est pas grand public du tout, et il est extrêmement fragmenté. Apple pourrait galvaniser le marché.”
M. Dawson fait remarquer que les appareils de musique numérique et les smartphones existaient avant l’iPod et l’iPhone, mais que ce sont les produits Apple, habilement conçus, qui les ont rendus extrêmement attractifs.
Pour Apple, le logiciel de la plateforme des maisons connectées est un début parce que son système s’appuiera sur du matériel produit par d’autres sociétés, à la différence de son approche habituelle d’intégration verticale.
Apple a acquis une expérience précieuse avec l’App Store d’iPhone, et plus récemment avec CarPlay, un système pour relier les appareils iOS au tableau de bord des véhicules. Apple distribuera aux fabricants d’appareils un badge confirmant leur compatibilité avec son système, tout comme il le fait depuis plusieurs années avec certains accessoires de l’iPod et de l’iPhone, comme les casques.
“La première raison pour laquelle les gens veulent travailler avec Apple, c’est pour la qualité et le fait d’être officiellement reconnu, explique M. Dawson. C’est un modèle bien établi chez Apple.”
Cependant, le modèle d’Apple risque également de perturber les projets des entreprises dans le secteur de la maison connectée.
En janvier, au Consumer Electronics Show de Las Vegas, BK Yoon, le codirecteur général de Samsung Electronics, a levé un “voile de la maison du futur” en promettant que les clients pourraient bientôt recevoir des appels téléphoniques sur leurs réfrigérateurs et rendre leurs logements plus “flexibles et sensibles”.
Début mai, LG a annoncé son système “HomeChat” qui permet aux clients d’utiliser Line, la populaire application de tchat asiatique, pour communiquer avec ses derniers fours et machines à laver.
L’entrée d’Apple sur le marché dépendra moins de ces gadgets, et plus de la simplification de l’installation et du contrôle des différents produits connectés de la maison.
“La plupart des fabricants de matériel pour la maison ne pensent pas à l’ensemble des systèmes”, explique Joi Ito, directeur du Media Lab de MIT et investisseur dans SmartThings. “C’est très tôt... La maison est très compliquée. La question est de savoir si les gens sont prêts à pirater leur propre maison.”
La semaine dernière, SmartThings a offert de résoudre ce problème avec ce que son PDG Alex Hawkinson appelle le “premier App Store pour la maison intelligente”, comprenant un programme de certification pour plus de 100 appareils.
“Nous entendons tout le temps dire que [le SmartThings hub] rend nos maisons presque conscientes, déclarait M. Hawkinson. Difficile d’imaginer que les grandes entreprises de haute technologie ne veulent pas s’y intéresser. Mais ils ont d’énormes activités existantes à protéger.”
Alors que SmartThings est en croissance rapide, jusqu’à 20 % par mois, sa clientèle reste cependant relativement faible, quelques dizaines de milliers de clients. Comme d’autres start-up, son dirigeant observera attentivement Apple, pour voir s’il sera un partenaire ou un concurrent.
“Il y a tout un tas de choses techniques qu’Apple pourrait faire pour améliorer la réactivité et la simplicité du contrôle des objets sans compromettre les sociétés de matériel individuel”, explique Tom Coates, cofondateur de Product Club, une start-up de “l’Internet des objets”.
De nombreuses entreprises, comme Philips avec ses ampoules, sont satisfaites de rester dans leurs propres niches plutôt que d’élargir leur offre vers des maisons intelligentes ou leur catalogues d’applications.
Mais M. Coates affirme que certains partenaires potentiels pourraient s’inquiéter si Apple tentait de déplacer leurs propres applications au bénéfice de son contrôleur central.
Cela pose aux start-up un dilemme inextricable : si elles ne souscrivent pas au schéma d’Apple, elles peuvent passer à côté de la plus grande opportunité de vendre de la maison intelligente, mais si elles rejoignent Apple, ce dernier pourrait “posséder” leurs clients et les transformer ainsi en simples fabricants de matériel.
Les opérateurs mobiles ont eu à faire face à un dilemme similaire lorsqu’Apple a lancé l’iPhone avec des conditions strictes qui ont diminué leurs rôles de fournisseurs et accru le sien.
“La question fondamentale est de savoir quelle proportion de l’interface utilisateur restera sous la houlette des fabricants et de leurs applications, et combien sera intégré dans le système d’Apple”, dit M. Coates.
La maison intelligente est l’une des nombreuses pistes sur lesquelles Apple travaille pour élargir ses activités. En plus de travailler sur une iWatch, dont beaucoup attendent l’arrivée cette année, Apple a acheté Beats Electronics, fabricant d’écouteurs stéréo branchés, pour 3 milliards de dollars.
De nombreux observateurs d’Apple sont surpris par l’acquisition de Beats, sa plus importante à ce jour. Tous les paris sont ouverts sur ce que le PDG Tim Cook pourrait faire ensuite.
“Je ne pense pas voir apparaître un réfrigérateur ou un four Apple dans un avenir proche, prédit M. Coates, mais dans 20 ans, je ne suis pas sûr de pouvoir affirmer qu’ils ne le feront jamais.”
© The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation.

Cat4

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.