Vous attendiez-vous à battre de plus de 6 heures le précédent record établi par Thomas Coville l'an dernier ( 25 h 36 min 36 sec) ?
Non, non, ce n'était pas un objectif. Au départ, on s'était fixé un temps de traversée autour des 21 heures. En cours de course, les premiers comptages annonçaient une arrivée après 20 heures, ce qui était déjà pas mal. Et puis, au fur et à mesure du parcours, grâce à la très bonne fenêtre météo dont j'ai bénéficié et aux bonnes sensations que j'avais à la barre, j'ai pu me lancer dans un véritable sprint. J'ai pu régler le bateau sur la bonne vitesse car, quitte à battre le record, autant essayer de mettre la barre assez haute. Donc j'y suis allé à fond.
Finalement, c'est un peu une course de rêve que vous avez vécue...
C'est vrai que j'ai eu une traversée très rapide, avec des conditions de vent soutenues du début à la fin. C'est exactement ce genre de fenêtre météo que l'on recherchait. Ce n'est jamais évident en Méditerranée, car souvent, il y a entre la France et l'Afrique du nord des systèmes météo un peu différents. Mais là, l'enchaînement s'est fait plus tôt pas mal.

"A la fin, il y a eu un peu de stress"
Pourtant, vous avez dû rebrousser chemin, après un premier départ dimanche. Que s'est-il passé ?
On a eu une première fenêtre météo favorable en fin de matinée. Mais quand on est arrivés sur zone à Marseille, il y avait du vent, comme s'était prévu, mais aussi un violent orage. Donc ça a commencé par nous retarder. Puis le vent a bien molli et n'est jamais revenu. J'avais trop de retard sur mes prévisions, donc on a décidé de faire demi-tour. On savait qu'il y avait d'autres fenêtres de départ. On a décidé de partir à lundi 5 heures du matin, car les conditions étaient réunies.

Vous ne vous êtes pas fait quelques frayeurs, tout de même ?
Non pas vraiment, même si ça n'a pas été facile non plus. J'ai quand même dû barrer la moitié du temps de la course. A la fin, il y a eu un peu de stress car en arrivant vers Tunis, la mer était un petit peu mauvaise, avec des rafales à 30 nœuds. En plus, comme il y a pas mal de trafic dans cette zone, avec beaucoup de cargos qui passent par là, il fallait rester vigilant malgré la fatigue. Mais le bateau s'est très bien comporté dans ces moments un peu chauds.

"La Route du Rhum, mon objectif n° 1"

Justement, qu'avez-vous appris sur votre trimaran ?
On voit qu'il y a de belles choses à faire avec ce bateau. En configuration solitaire, avec un mât un peu plus petit, il permet dans du vent soutenu de tenir de bonnes moyennes. Il reste très maniable dans ces conditions, sans être dans le rouge en termes de sécurité ou de tenue à la barre. Ce bateau a du potentiel.

Vous pensez à la Route du Rhum, dans un an ?
Oui, c'est mon objectif n° 1. Mais, d'ici-là, il faut encore continuer à travailler dans toutes les conditions météo possible, car c'est ce que l'on va rencontrer pendant la Route du Rhum. Cette traversée de la Méditerranée a été un très bon enseignement, mais il faut encore pousser le bateau. C'est d'ailleurs ce que l'on va faire lors d'autres courses en solitaires comme la Route de la découverte (entre l'Espagne et le Salvador, en février prochain) ou le Record de l'Atlantique (entre New York et Brest, au mois de mai). Mieux on connaît le bateau mieux on se connaît en course.