mercredi 10 juillet 2013

Mercredi 10 juillet : Prix de l'Inventeur, un Français distingué

Les inventeurs de diverses innovations technologiques ont été récompensés aujourd'hui par le prix de l'inventeur européen 2013. Patrick Couvreur, professeur à l'université de Paris-Sud, a été récompensé dans la catégorie recherche pour ses travaux sur des nanocapsules, 70 fois plus petites que les globules rouges, qui une fois dans le système du malade permettent de délivrer les médicaments de façon précise. 

Dégradables, ces nanocapsules disparaissent dans le sang une fois leur cible atteinte et permettent d'éviter de nombreux effets secondaires liés à la chimiothérapie. Cette technologie, encore au stade des tests, selon M. Couvreur, permet de réduire de 70% les métastases d'un cancer du foie.

Les Autrichiens Claus Haemmerle et Klaus Bruestle ont gagné le prix dans la catégorie Industrie, pour un système permettant aux tiroirs et armoires autour du monde de s'ouvrir et de se refermer de manière silencieuse, un standard des équipements de cuisine actuels. Le jury, composé d'experts dans des domaines variés, comme la politique, l'économie, les médias, la recherche, ont désigné les vainqueurs parmi 15 finalistes, répartis dans cinq catégories. Le Suisse Martin Schadt, connu comme le "père du pixel" pour avoir déposé un brevet dès 1970 sur la technologie Liquid Crystal Displays (les écrans LCD), a été récompensé pour l'ensemble de sa carrière.

L'événement est annuel et organisé depuis 2006 par l'Office européen des Brevets (OEB).

mardi 9 juillet 2013

Mardi 9 juillet : Ce qui différencie vraiment l'Allemagne de la France

Ce qui différencie vraiment l'Allemagne de la France

L'Allemagne préfère avoir des travailleurs pauvres, la France des chômeurs de longue durée. De ce choix découle toute une politique sociale et industrielle.

Chaîne de fabrication de la la 208 à Poissy.
Chaîne de fabrication de la la 208 à Poissy. Julien Muguet / Maxppp

Le modèle social allemand n'est pas très différent du modèle français. On sait qu'une asymétrie très forte entre la France et l'Allemagne vient de la structure productive des deux économies : l'Allemagne est restée un pays industriel puissant, avec des gains de parts de marché et des excédents extérieurs structurels ; la France est très désindustrialisée : l'industrie représente 12 % de l'économie française, 21 % de l'économie allemande.

Mais nous nous intéressons ici surtout aux choix sociaux des deux pays. En France, on considère souvent que le modèle social allemand est devenu très différent du modèle social français, avec la flexibilité accrue du marché du travail ; la modération salariale ; les efforts faits pour faire disparaître les déficits publics, qui passent aussi par une réduction des dépenses de transferts publics. Les lois Hartz, de 2003 à 2005, ont surtout constitué en la mise en place de conditions très dures forçant les chômeurs à retourner à l'emploi, y compris dans les emplois peu qualifiés, à temps partiel, mal payés. Parallèlement, les salaires réels, de 2000 à 2006, ont baissé de 5 % en Allemagne, pendant qu'ils augmentaient de 12 % en France, et les prestations sociales sont passées de 19 à 16 % du PIB en Allemagne (18 % en France).

L'Allemagne a choisi la montée en gamme, l'effort d'innovation...
De ce fait, on considère souvent en France qu'il ne faut surtout pas copier le modèle allemand, qui aurait consisté à fragiliser la population pour améliorer la compétitivité de l'industrie. Cette vue est en réalité très fausse, et les différences entre les choix sociaux de l'Allemagne et de la France sont concentrées sur un point : le choix entre travailleurs pauvres et chômeurs. Il y a peu de différences en réalité entre les choix de l'Allemagne et de la France. Les salaires industriels sont élevés en Allemagne, et ce n'est pas la baisse des salaires qui explique la compétitivité de l'industrie : ce premier point est mal connu.

Les salaires, y compris charges sociales, sont à peu près aussi élevés dans l'industrie en Allemagne qu'en France (34 euros de l'heure contre 35), les coûts salariaux unitaires n'ont pas progressé énormément plus dans l'industrie en France qu'en Allemagne. La compétitivité, la performance, de l'industrie allemande ne vient donc pas essentiellement de la baisse des salaires dans l'industrie, mais de la montée en gamme, de l'effort d'innovation.

La générosité de la protection sociale est voisine en Allemagne et en France, ce qui est mal connu aussi. Quand on regarde les dépenses publiques de santé, de retraite, d'éducation, on voit un niveau identique pour la santé, un niveau plus élevé en France pour la retraite et l'éducation, ce qui vient de l'organisation institutionnelle (retraites d'entreprise en Allemagne). En réalité, l'Allemagne est un pays où la protection sociale est généreuse, financée par une pression fiscale assez forte, même si elle est plus faible qu'en France (44 % du PIB contre 52 %).

La différence de choix sociaux entre l'Allemagne et la France est en réalité concentrée sur un point : vaut-il mieux avoir des travailleurs pauvres ou des chômeurs ? L'Allemagne a fait le choix des travailleurs pauvres, d'où les fortes pressions qui s'exercent pour favoriser le retour à l'emploi en Allemagne, y compris dans des emplois peu qualifiés à salaire faible. Cela explique l'écartement entre les salaires de l'industrie et les salaires des services en Allemagne (35 % en 2000, 52 % aujourd'hui) ; la hausse des inégalités de revenus en Allemagne et pas en France ; la très forte hausse de la partie de la population au-dessous du seuil de pauvreté en Allemagne, plus forte qu'en France (16 % contre 14 % en 2011, alors qu'en 2000 il n'y avait que 10 % de la population au-dessous du seuil de pauvreté en Allemagne et 14 % en France).

... et a renoncé à établir un salaire minimum
Il y a en Allemagne un énorme écart entre les salaires de l'industrie et ceux de la distribution, des transports, du tourisme (177 à 100, contre 132 à 100 en France), ce qui reflète aussi la dualité du marché du travail. L'Allemagne a donc bien fabriqué une économie avec des salaires faibles en dehors de l'industrie et des inégalités fortes.

L'absence de salaire minimum en Allemagne, alors qu'il y a un salaire minimum élevé en France, contribue aussi à cette différence de fonctionnement du marché du travail. Enfin, corrélativement, le taux de chômage structurel est plus faible en Allemagne qu'en France (5,5 % contre 8 % environ), la baisse de la proportion de chômeurs de longue durée a baissé en Allemagne et augmenté en France.

On voit donc bien le choix différent de l'Allemagne par rapport à la France : privilégier le retour à l'emploi y compris avec des salaires faibles pour éviter le chômage. Cela conduit à un chômage structurel plus faible, à un taux de chômage beaucoup plus faible en Allemagne pour les jeunes, surtout peu qualifiés : 12 % en Allemagne pour les 20-24 ans contre 25 % en France.

La vision française du modèle social allemand est souvent fausse. On considère souvent en France que l'Allemagne a fait le choix d'un modèle social beaucoup moins généreux (baisse des salaires, réduction de la générosité de la protection sociale), pour améliorer la compétitivité de son industrie, et que ce choix n'est pas envisageable en France. Mais en réalité l'Allemagne n'a pas réduit les salaires industriels (la compétitivité de l'industrie allemande ne vient pas de la baisse des salaires de l'industrie) et a un modèle social généreux (santé, retraite, éducation). La différence essentielle dans le modèle social entre l'Allemagne et la France est la préférence pour les travailleurs pauvres par rapport au chômage en Allemagne, le choix opposé en France.

Il n'y a pas de supériorité d'un des choix par  rapport à l'autre, il s'agit juste d'un choix.

Lundi 8 juillet : Et si l’école devenait un lieu de créativité ?

Et si l’école devenait un lieu de créativité ?
Par Arnaud Gonzague

Et si l’école devenait un lieu de créativité ?

Par Arnaud Gonzague
Créé le 24-05-2013 à 17h21 - Mis à jour le 26-05-2013 à 10h10
Une vidéo du conférencier Ken Robinson explique pourquoi l’école en Occident a tendance à asphyxier toute forme de créativité chez les individus.

Le monde de l’innovation connaît bien Sir Ken Robinson, intellectuel et conférencier britannique, familier du TED, cette grand-messe où sont censés s’exprimer les penseurs du monde entier les plus en avance sur notre époque. Nombre des conférences de Robinson éclairent sur les questions de créativité et la manière de la développer en chacun de nous. Normal, donc, qu’il s’intéresse aux lieux d’apprentissage et notamment à l’école. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère, car ce rousseauiste affirme que l’éducation scolaire tue progressivement chez l’enfant ce qu’il nomme la "pensée divergente", c’est-à-dire la capacité à examiner toutes les questions sous plusieurs angles possibles, y compris les plus inattendus – en somme, à penser hors des schémas préétablis.

L’un de ses tests de mesure de cette pensée divergente pose une question : "Combien d’usage peut-on faire d’un trombone ?" Le nombre de réponse est infini, car chez les vrais créatifs, ledit trombone n’est pas seulement un petit objet en métal destiné à attacher les feuilles : il peut bien mesurer 200 mètres de haut, être en mousse, etc. Ses tests sont sans appel : 98% des 1.500 enfants qu’il a mesurés en maternelle sont des "génies" de la pensée divergente. A 8-10 ans, ils ne sont plus que 30% et cette proportion chute à 12% chez les 13-15 ans…

Faisons un rêve

Pourquoi cette déperdition ? Selon Ken Robinson, elle est due à des méthodes d’apprentissage qui ont été inventées au XIXe siècle pour donner des bras (et des cerveaux) à la Révolution industrielle, mais qui ont encore cours dans les salles de classe. Cette "école calquée sur l’usine" tue les esprits les plus novateurs et ne peut être qu’obsolète, dans une ère de "matière grise" qui réclame plus que jamais de la créativité et de l’indépendance d’esprit (ce que certains établissements savent) chez les citoyens.


Faisons un rêve ? L’école de demain laissera toute leur place aux trombones en mousse de 200 mètres de haut.

samedi 6 juillet 2013

Vendredi 5 juillet : Une allée royale pour la petite reine

Une allée royale pour la petite reine

Le nouvel écrin vert du château de Versailles sera inauguré dans un mois. Il accueillera une piste cyclable, début d'un vaste projet pour vélos. 


La piste déroule déjà son ruban, encadré par le quadruple alignement des arbres. L'allée des Mortemets, dessinée par Le Nôtre pour Louis XIV, renaît peu à peu après avoir totalement disparu à la Révolution française. Elle ne sera vraiment prête que pour son ouverture le 26 juin*. Des engins de chantier y dament encore le sol, et les bas-côtés boueux ne sont pas encore engazonnés. Malgré leur plumeau maigrelet, les 582 jeunes chênes redessinent déjà la trame de 3 km de long imaginée il y a 350 ans par le jardinier du Roi-Soleil. "Elle faisait partie de ces grandes allées qui structuraient le paysage. André Le Nôtre n'a pas inventé le jardin à la française, mais il lui a apporté la conquête de l'horizon, une géométrie sur une géographie", explique Pierre-André Lablaude, architecte en chef des monuments historiques, tout juste retraité. 
Il y a quinze ans, une partie de l'allée disparue avait été recréée sur des terrains militaires interdits au public. Sur l'autre tronçon ne subsistait qu'un chemin cabossé, dans un espace en friche. Le ministère de la Défense a accepté d'ouvrir sa portion d'allée, en échange de grillages érigés tout le long. Le reste a été déblayé, déboisé (400 arbres abattus), drainé et sondé jusqu'au tréfonds ; il a fallu vérifier qu'il ne restait pas d'engin explosif dans cette zone bombardée en 1944.

De la vallée de la Bièvre à Rennemoulin, 90 km de pistes

"La cicatrisation de ce paysage est un travail de longue haleine", explique Catherine Pégard, présidente de l'Établissement public du domaine de Versailles, propriétaire de ces terrains. "Nous voulons refaire toute l'ossature du parc. L'allée des Mortemets constituera un bouclier protégeant le château et masquera ces équipements, qui n'existaient pas à l'époque de Le Nôtre."
Un écran végétal pour un écrin. Mais c'est aussi un trait d'union entre la ville et le château, dont les relations n'ont pas toujours été cordiales... Le domaine a accepté que la communauté d'agglomération Versailles Grand Parc, dont fait partie Versailles, crée une allée cyclable. Les travaux, d'un coût de 2,3 millions d'euros, ont été financés à parts égales par l'intercommunalité, la région et le conseil général des Yvelines.
Ces 3,5 km de pistes vont s'intégrer à une grande dorsale de 22 km qui ira de la vallée de la Bièvre jusqu'au petit village de Rennemoulin. Un axe cyclable ouvert début 2015 auquel seront ensuite raccordées des boucles, dessinant un parcours de 90 km au total. "Ce sera l'une des plus belles promenades de la région, avec des vues fabuleuses sur le château", promet François de Mazières, maire de Versailles. "Ici, tout le monde a un vélo. Nous espérons que les touristes en profiteront aussi." 

* Locations de vélos aux gares de Versailles-Chantiers et Versailles-Château à partir du 8 juin. Tarif: 17 euros la journée.

Jeudi 4 juillet 2013 : 7 trucs et astuces pour déstresser au bureau et ailleurs !

Amenez votre animal de compagnie au bureau
Une étude publiée dans le International Journal of Workplace Health Management soit le journal international dans la santé sur le lieu de travail, a montré qu'amener son chien sur son lieu de travail peut réduire le stress du travail et motiver davantage vos collègues ou employés. 

Cette seconde étude s'est intéressée à la compagnie Replacements Ltd. Basée à Greensboro en Caroline du Nord, elle se distingue par son ouverture aux animaux. Elle montre que les employés qui ont amené leur animal de compagnie au bureau se sentaient moins stressés pendant leur journée de travail. En parallèle, ceux qui ne l'avaient pas amené étaient plus stressés.
Un bon fou-rire sur Internet
Si vous vous sentez particulièrement stressé, arrêtez tout, et allez faire un tour sur YouTube pour rigoler un bon coup. Les résultats d'une étude publiée en 1989 par l'American Journal of the Medical Sciences a établi un lien entre fou-rire" et un niveau plus faible de cortisol, l'hormone du stress,; dans le sange. 

Toujours aux Etats-Unis, la Mayo Clinic, a rapporté que rire provoque une sécrétion d'endorphine dans le cerveau et détend les muscles, ce qui est essentiel à la détente.

S'armer d'une truelle et aller jardiner
S'occuper des autres peut être extrêmement stressant et fatiguant. Mais jardiner ou s'occuper de plantes peut permettre de réduire le stress de ceux qui s'épuisent à s'occuper des autres. Datée de 2008, une étude publiée par le site BHG.com, a montré que 60% des aide-soignants se sentent détendus après avoir jardiné. 

Le site Health.com rappelle quant à lui qu'une étude néerlandaise montrant que jardiner contribue à réduire les niveaux de cortisol et à remonter le moral des individus qui venaient de terminer une tâche épuisante. Health.com explique que les activités comme le jardinage requièrent une attention involontaire qui aide à se ressourcer.

Ouvrir un livre
Six minutes de lecture peuvent vous aider à déstresser un bon coup. Normal, quand on lit, le coeur bat moins fort et les muscles se relâchent. Boire du thé ou du café, écouter de la musique et se promener semblerait aussi réduire notre stress, rapport le quotidien britannique The Telegraph. 

Appeler maman
Ce n'est pas une blague. Appeler sa mère peut vous faire déstresser. 
Une étude très sérieuse publiée dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society rapporte que les jeunes femmes quit ont appelé leur mère au téléphone après avoir achevé une tâche stressante, présentaient de moindre niveau de cortisol - l'hormone du stress - dans leur salive. A l'inverse leurs niveaux d'oxytocine - l'hormone du lien social - étaient plus élevés. 

Manger un carré de chocolat
On en aura jamais fini avec le chocolat noir et ses nombreux bénéfices pour la santé, notamment pour le coeur. Nous vous le donnons dans le mille, manger du chocolat réduit aussi le stress. 

D'après une étude publiée par LiveSciencemanger quelques carrés de chocolat noir par jour pendant une période de deux semaines réduit la quantité de cortisol dans le sangl. Cette étude a été publiée pour la première fois en 2009 dans la publication scientifique Proteome Research. 

Bien entendu, le chocolat cela reste du sucre et donc des calories. A consommer avec modération!

Raconter ragots et potins
Pas forcément bien vu, colporter ou écouter des ragots détend. C'est ce dont se sont rendus compte des chercheurs de l'Université de Berkeley, en Californie. Parler dans le dos des autres permettrait même de policer le comportement de chacun. Normal, qui voudrait être l'objet de ragots? 

mercredi 3 juillet 2013

Mercredi 3 juillet 2013 : Le bonheur de peindre au soleil méditerranéen


http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2013/06/07/03015-20130607ARTFIG00504-le-bonheur-de-peindre-au-soleil-de-la-mediterranee.php
Les <i>Sept baigneurs </i>de Cézanne
Le Midi a été une source infinie d'inspiration pour les peintres. Une superbe exposition composée de deux volets présentés simultanément à Marseille et à Aix-en-Provence évoque cette terre de la modernité.
L'exposition, présentée en deux volets à Marseille et à Aix-en-Provence, commence avec des oeuvres datées de 1880. La date n'est pas choisie au hasard. Les années qui suivirent allaient encore accentuer la désintégration du groupe impressionniste, ce mouvement qui avait jadis pris son essor dans la forêt de Fontainebleau, dans les allées du Salon des refusés, dans les brasseries et à la terrasse du café Guerbois.
Les concepts qui s'étaient formés à ces différentes sources étaient apparus dans toute leur déconcertante nouveauté lors de la première grande exposition impressionniste de 1874. Moins de vingt ans plus tard, quand la huitième et dernière exposition fermera ses portes en 1886, Monet et ses amis vont s'éloigner sans regret, chacun choisissant alors de travailler de son côté.
Si leur effort commun appartenait désormais au passé, une nouvelle génération entreprenait déjà de poursuivre la lutte pour des idées nouvelles. Le tournant du siècle sera donc l'histoire parallèle de deux générations: l'aînée, toujours en pleine vigueur et confiante dans ses forces, et la plus jeune, qui devait encore prouver toutes ses possibilités. Tandis que l'audace était souvent du côté des nouveaux, l'expérience restait l'apanage des anciens.
Quelle est alors la situation? Gauguin était parti pour la Martinique, Renoir exposait ses Baigneuses, fruit de plusieurs années de recherche, Monet commençait à vendre ses toiles un bon prix. Van Gogh avait quitté Paris pour le Midi de la France où il espérait retrouver les couleurs deDelacroix, le contour net des estampes japonaises qu'il collectionnait et les paysages qu'il avait admirés dans les toiles de Cézanne. Il écrit à son frère Théo: «Au lieu de chercher à rendre exactement ce que j'ai sous les yeux, je me sers de la couleur de manière arbitraire, pour exprimer fortement mes impressions.» Comme en écho, Gauguin écrit à Vincent: «J'utilise une couleur assez loin de la nature, mais plus proche de mes sentiments.»
<i>Le Petit Paysan</i> de Cézanne
Ce rôle primordial accordé à la couleur, en liaison avec les émotions du peintre comme composantes picturales, se reconnaîtra dans le fauvisme, ce «pot de peinture jeté à la figure du public», selon l'expression du critique Camille Mauclair. Le mouvement devra beaucoup à l'art de Van Gogh à partir de 1888, quand il quitte Paris pour Arles. Il prend le contre-pied de l'impressionnisme simplement en en inversant les termes: l'objectif de Monet, Renoir et les autres était de retranscrire sur la toile les sensations qu'ils recevaient du monde extérieur. Celui de Van Gogh, à l'inverse, sera de faire partager, via la toile, ce qu'il ressent (Champ de blé Vue sur Arles).
La rétrospective de Vincent au Salon des indépendants de 1905 sera une révélation pour les jeunes peintres fauves qui adhèrent à l'autonomie de la couleur: Matisse et Derain, qui travaillent ensemble à Collioure, exécutent les premières toiles aux couleurs pures, puissantes, stridentes mises en contraste les unes avec les autres (Derain, Les Faubourgs de Collioure). Friesz et Braque, qui se retrouvent durant l'été 1907 à La Ciotat et à l'Estaque (Friesz, Cassis). Dufy, qui adhère au groupe dès 1905 (Paysage de Provence). Comme Van Gogh,
Gauguin va s'opposer au flou de l'impressionnisme en introduisant des aplats de couleurs vives qui, par leur simplification, influenceront à la fin du siècle le mouvement nabi (Bonnard, Le Cannet) puis se retrouveront dans le jeu abstrait des formes et des couleurs. A cette révolution par la couleur s'oppose la révolution par la forme qui découle de la leçon de Cézanne, considéré avec Van Gogh comme le père tutélaire de l'art moderne. Ils se répondent lorsque l'on aborde la question débattue en peinture depuis le XVIIe siècle et toujours présente dans les préoccupations des artistes: la ligne est-elle plus importante que la couleur? Ce qui revient ici à s'interroger sur la manière dont les peintres modernes ont regardé tantôt du côté de Van Gogh, tantôt du côté de Cézanne pour trouver leur propre voie.

«Je n'en suis qu'au début de mes recherches», disait Cézanne, deux ans avant sa mort

La <i>Vue de Bordighera </i>de Monet
Cézanne reprochait au mouvement impressionniste de réduire le rôle de l'artiste à la pure vision matérielle, de gommer la part de l'intelligence créatrice en faisant de la peinture un art imitatif. Il apparaîtra vite comme le principal maillon entre l'impressionnisme et la peinture du début du XXe siècle. Pour lui, la toile du peintre n'est plus le lieu où l'on simule une représentation de l'espace à l'aide de la perspective mais un domaine d'expérimentation basé sur la forme, le fractionnement des points de vue et des couleurs modulées en harmonie: «Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude», affirmait-il.
En organisant en 1895 la première rétrospective de l'oeuvre du peintre, le galeriste Ambroise Vollard déclenche un formidable mouvement d'opinion envers Cézanne. Les peintres sont bien sûr les premiers à comprendre que l'artiste est une référence. Matisse le considère comme «une sorte de bon Dieu de la peinture»; toute sa vie il refusera de se séparer d'une petite toile de Cézanne représentant des baigneuses, dont il disait: «Cette oeuvre m'a soutenu moralement dans les moments critiques de mon aventure d'artiste ; j'y ai puisé ma foi et ma persévérance.»
<i>Le Faubourg de Collioure</i> de Derain
Et Picasso, indigné par un visiteur qui essayait de lui vendre un faux Cézanne, s'était exclamé: «Si je connais Cézanne? Il est mon seul et unique maître. Vous pensez bien que j'ai regardé ses tableaux... J'ai passé des années à les étudier.» L'ascendance cézanienne est en effet manifeste dans Le Nu bleu de Matisse comme dans Les Demoiselles d'Avignon de Picasso. Le peintre d'Aix aura contribué à mettre les artistes sur la voie du cubisme. Dans l'histoire de l'art, Cézanne est l'un des seuls maîtres qui rassemble autant de jugements et d'hommages des plus grands peintres de son temps comme des plus grands de ses successeurs. A la fin de sa vie, pourtant, Cézanne disait qu'il n'en était qu'au début de ses recherches! Un hommage posthume lui sera rendu au Salon d'automne de 1907: au-delà des fauves, des cubistes, de Picasso, de Matisse, de Bonnard, la plupart des peintres abstraits le prendront à leur tour pour référence.

Dès 1892, les peintres sont les premiers à s'installer à Saint-Tropez

Longtemps, les peintres qui faisaient le traditionnel «tour d'Italie» pour parfaire leur formation avaient traversé le sud de la France sans s'y arrêter. A partir des années 1880, le Midi sera au contraire leur terre d'élection. Séduits par les paysages, fascinés par la lumière, ils se réuniront le long du littoral, de Collioure à Saint-Tropez, qu'on ne pouvait alors atteindre qu'en bateau. Installé en Arles, Van Gogh, qui avait rêvé du Midi en homme du Nord, pensait avoir découvert un monde nouveau. C'est lui qui décrira en poète ce Midi que tous les peintres ont alors aimé: «Ici, même en fortifiant toutes les couleurs, y compris le rayonnement de soufre pâle du soleil et le bleu admirable de la coupole du ciel, on obtient encore le calme et l'harmonie. Il arrive quelque chose de semblable avec la musique de Wagner: bien qu'exécutée par un grand orchestre, elle n'en est pas moins intime.»
Le Grand Atelier du Midi, musée Granet, place Saint-Jean-de-Malte, Aix-en-Provence et musée des Beaux-Arts, palais Longchamp, 2, rue de la Charité, Marseille, du 13 juin au 13 octobre 2013.

mardi 2 juillet 2013

Mardi 2 juillet 2013 : l'arbre de l'année 2013 !

http://mobile.lemonde.fr/planete/article/2013/06/27/un-chene-millenaire-elu-arbre-de-l-annee-2013_3437836_3244.html

Un chêne millénaire élu arbre de l'année 2013

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Le chêne de Saint-Civran (Centre). | Louis-Marie Préau/Terre Sauvage 2013
C'est un vieux monsieur multicentenaire, peut-être millénaire, qui s'est épanoui dans le bocage du Berry. Le chêne de Saint-Civran, dans la région Centre, a été élu "arbre de l'année 2013", un prix organisé pour la deuxième année par le magazineTerre sauvage et l'Office national des forêts. L'arbre présente des dimensions impressionnantes : une circonférence de 7 mètres, pour une hauteur de 12 mètres. Son tronc très large est creux. Une canne en bois a été installée pour maintenir ses branches adjacentes.
Le chêne bonzaï de Bégard (Bretagne). | Louis-Marie Préau/Terre Sauvage 2013
Le public, qui pouvait participer à l'opération, a choisi, de son côté, une curiosité de la nature, un chêne bonzaï centenaire juché sur le toit d'un colombier, à Bégard, en Bretagne. Haut de 3 mètres, vieux d'un siècle, cet arbre s'est ancré entre les dalles de toitures puis enraciné dans le mur du colombier jusqu'au sol, six mètres plus bas.
Deux cent candidatures avaient été déposées par des collectivités locales ou des associations. Vingt-trois arbres, représentant chacune des régions de France, ont été sélectionnés et soumis à un jury et au public. Les valeurs esthétique, environnementale et historique ont été estimées. Parmi les candidatures figurait aussi une extraordinaire glycine, de 150 ans, qui enlace le porche de l'hôtel Ragueneau à Bordeaux, siège des archives municipales.
La glycine de Chine à Bordeaux. | Louis-Marie Préau/Terre Sauvage 2013
Il y avait aussi l'olivier d'Oletta, en Corse, un véritable monument âgé de 800 ou 1 000 ans, imposant et majestueux, ou encore le "figuier maudit" de Petit Canal en Guadeloupe. L'arbre est issu d'une graine déposée sans doute par un oiseau sur l'un des murs d'une ancienne prison. En grandissant, le figuier a fini par recouvrir le bâtiment en éventrant les murs. Ses racines serpentent sur des dizaines de mètres alentour. Les photos font l'objet d'une exposition à Paris, jusqu'au 25 juillet, sur le quai André-Citroën.
Le figuier maudit de Petit Canal en Guadeloupe. | Louis-Marie Préau/Terre Sauvage 2013
Par Sophie Landrin

Lundi 1er juillet : Quand Le Monde parle de trottinette !


La trottinette, un moyen de transport (presque) invisible

Installez vous au café, profitez du soleil, regardez la rue, la circulation, la ville en mouvement. Et vous verrez ce que vous n'aviez jamais vu avant: des trottinettes, des rollers, des skate-boards. Autant de moyens de transport discrets en ville et invisibles dans les statistiques officielles. C’est d'ailleurs très pratique pour fixer un rendez-vous. "Je serai avec ma trottinette". A la sortie du métro, Benjamin Taveau a le pied posé sur son solide moyen de transport. Dans sa ville, à Dunkerque (Nord), ou à Lille, lorsqu’il rend visite à ses amis étudiants, ou encore à Paris, pour un week-end de temps à autre, cet urbaniste de 23 ans ne se déplace jamais sans sa trottinette. "C’est trois fois plus rapide que la marche à pied, presque autant que le vélo. Le moyen de transport idéal pour les petits trajets", plaide-t-il.
Absent des enquêtes. En ville, la vision fugace d’un adulte juché sur une trottinette demeure rare. Ou alors on la relègue au rang de sport de compétition. L’objet est d’ailleurs absent des enquêtes sur les déplacements réalisées sous l’égide du Centre d'études et de recherches sur les transports et l'urbanisme (Certu). Les"modes actifs", ces moyens de déplacement individuels ayant pour moteur le corps humain, se limitent à la marche et au vélo. Et pourtant, lorsqu’on prête un peu attention, on remarque dans le flux global de la circulation ces modes de transport, ou plutôt d’accélération, qui passaient jusque là inaperçus. Parmi les patineurs, on observe beaucoup d’enfants, filles et garçons mélangés, qui filent à la sortie de l’école, mais, curieusement, très peu d’adolescents. Et de temps en temps, un jeune adulte, comme Benjamin, voire un quadragénaire.
La trottinette suscite souvent la sympathie. "Au restaurant universitaire, à Lille, la dame de l’accueil m’appelait ‘le jeune homme à la trottinette’", raconte Benjamin. Lorsque l’urbaniste croise des enfants qui utilisent le même moyen de transport que lui, il arrive qu’une conversation s’engage. On discute alors des mérites comparés des différents modèles. Entre adultes, les patineurs se repèrent. Dans le bus, dans le train, ils se croisent avec un sourire, un clin d’œil.
15 km/h. Benjamin a reçu sa première trottinette à l’âge de 11 ans. Enfant, il l’utilisaitdans les rues de Dunkerque. Plus tard, étudiant à Lille, il aurait bien emporté son vélo, mais les 20 m² de son studio sont trop exigus et l’ascenseur ne se prête pas au passage quotidien d’une bicyclette. Le jeune homme se remet alors à patiner, un geste qu’il n’a pas oublié. Le voyage commence à Dunkerque, au domicile de ses parents, situé très précisément "à 3,1 kilomètres de la gare". Benjamin parcourt cette distance "en 12-13 minutes", a-t-il calculé. A Lille, la trottinette lui sert de moyen de rabattement, à la sortie du métro ou pour se déplacer sur le campus de l’université de Lille 1, à Villeneuve d’Ascq, une dalle de béton entièrement piétonne.
Escamotable. L’objet, acheté dans une grande surface spécialisée (en fait, on ne va pas être hypocrite, c’est Décathlon), a coûté 100€ et pèse 4,5 kg. Doté d’un solide guidon, d’une planche large et de roues pleines en caoutchouc, la trottinette se transporte facilement. Haute d’une cinquantaine de centimètres, voire un peu plus si on règle le guidon en position haute, elle se replie en quelques secondes. Le guidon est escamotable. "C’est beaucoup plus facile à emporter dans un train qu’un vélo", raconte le Dunkerquois, qui décrit l’objet comme "l’outil manquant, le liant", permettant d’accélérer la marche à pied.
Cuisse droite. La trottinette n'est pas le moyen idéal partout ni tout le temps. "C’est un peu plus fatigant que le vélo et ce n’est pas du tout adapté aux montées ni aux revêtements irréguliers comme les pavés", explique le jeune homme. Curieusement, dit-il, "ce n’est pas le pied qui pousse qui fatigue le plus vite, mais celui qui est posé sur la planche. En fait, c'est d'ailleurs la cuisse qui travaille". C’est aussi ce pied, pour Benjamin toujours le droit, qui aide à freiner, d'une simple pression sur la roue arrière. Le patineur circule un peu partout sur la voirie, sur les trottoirs, dans la rue si la voie est libre. "Le problème des trottoirs, ce sont les intersections", dit-il. Le patineur ne déplore, ni avec les automobilistes, ni avec les piétons, de "conflit d’usage"cette expression polie inventée par les spécialistes pour traduire le mot "connard" lâché dans la circulation"Juste un coup de klaxon, une seule fois, l’automobiliste estimant que je n’étais pas à ma place".

A compléter par : http://www.ouest-france.fr/sport/une_sport_detail_-Insolite-ils-effectuent-la-Grande-Boucle-en-trottinettes-pour-feter-son-centenaire_44096-2198619_actu.Htm : tout simplement incroyable !