lundi 7 octobre 2013

Lundi 7 octobre : le bassin d'Annecy, paradis des parapentistes

http://mobile.lemonde.fr/sport/article/2013/09/21/la-coupe-icare-le-paradis-des-parapentistes_3482343_3242.html

La Coupe Icare, le paradis des parapentistes

Le Monde.fr |  • Mis à jour le 
aA   Google + Linkedin Pinterest
Un parapentiste à Saint-Hilaire du Touvet, en septembre 2012. | AFP/JEAN-PIERRE CLATOT
Quand, dans le ciel, plusieurs dizaines de parapentes aux couleurs variées égaient chaque jour les massifs des Alpes, à terre, les affaires tournent. La commune de Saint-Hilaire-du-Touvet, dans l'Isère, espère attirer quatre-vingt mille spectateurs et dix mille pilotes lors de la quarantième édition de la Coupe Icare, grand rassemblement festif, qui réunit cette année les amateurs de vol libre jusqu'au 22 septembre.
Les origines de ce sport se situent à quelques kilomètres de là, dans le département de la Haute-Savoie, où le parapente est désormais un véritable produit touristique. "Le bassin d'Annecy représente le spot de parapente le plus important de France", explique Jean-Pierre Pouleau, président de la Fédération française de vol libre, qui compte quarante-deux mille licenciés, dont vingt-cinq mille adeptes du parapente, principalement entre les Alpes, les Pyrénées et l'Alsace.
Créé dans le village haut-savoyard de Mieussy en 1978 par des parachutistes astucieux, puis introduit dès 1986 dans le programme de la Coupe Icare, le parapente a aujourd'hui totalement supplanté le deltaplane et ses mille licenciés. Un ancêtre que la plupart des adeptes de vol libre jugent aujourd'hui trop contraignant. Selon Jean-Pierre Pouleau, "le choix est vite fait entre porter un sac de 25 kilos ou de 60 kilos".
À L'AIDE DE LEVIERS
Chaque année, sur les rives du lac d'Annecy, rien que pour les petites communes de Talloires, Doussard et Montmin, le parapente rapporte la somme moyenne de 3,2 millions d'euros, selon une étude finalisée en 2008 par la direction départementale de la jeunesse et des sports. "Notre commune avait surtout une image associée à l'hôtellerie de luxe. Les gens venaient ici principalement pour manger et se retrouver au calme. Maintenant, on a aussi une nouvelle clientèle qui vient grâce au parapente", se félicite Jean Favrot, maire de Talloires.
Engin à la toile légère et résistante qui se pilote à l'aide de leviers, le parapente fait essentiellement recette auprès des 25-49 ans. Pour les 61 % de voltigeurs considérés comme des touristes, c'est-à-dire ceux qui passent au moins une nuit hors de leur domicile habituel, des Franciliens, mais aussi des Suisses, Britanniques, Belges ou Allemands, la solution privilégiée pour se loger reste le camping, ainsi que les gîtes ruraux et les locations meublées.
"Les sports de plein air comme le parapente ont également bénéficié de l'amélioration des moyens de transports, qui les rendent aujourd'hui plus accessibles", rappelle Michaël Attali, maître de conférences à l'université Grenoble-I et président de la Société française d'histoire du sport. Une liaison ferroviaire entre Paris et Annecy met à présent, à titre d'exemple, environ quatre heures.
Décollage d'un parapentiste à Saint-Hilaire du Touvet, en septembre 2012. | AFP/JEAN-PIERRE CLATOT
"BASCULER VERS LE SKI"
Aujourd'hui encore, le parapente semble toutefois rester l'apanage de catégories sociales relativement favorisées. Toujours d'après l'étude de la direction départementale de la jeunesse et des sports, "la catégorie professionnelle la plus représentée est celle des professions intermédiaires, cadres moyens, techniciens (21 %), suivie par les dirigeants, cadres supérieurs (17 %) et les professions libérales (16 %)""Pratiquer le parapente n'est pas si cher que cela, considère le responsable de la FFVL. Certes, tout un équipement neuf [toile de parapente, harnais-sellette, sac...] coûte autour de 5 000 euros. En revanche, on peut s'en procurer un d'occasion, révisé et certifié, pour 2 500 euros." A cela s'ajoutent ensuite les frais de déplacement et d'hébergement pour tous les pilotes qui ne vivent pas déjà à flanc de montagne.
A elle seule, la ville de Talloires compte deux écoles de parapente et un magasin de réparation de toiles, l'un des pionniers en la matière. Responsable de l'école des Passagers du vent, Pierre Nivalle détaille : "Tous les ans, environ cinq cents stagiaires viennent à l'école de parapente pour apprendre à voler lors de stages d'environ une semaine, et, à côté de cela, entre deux mille cinq cents et trois mille clients viennent juste découvrir le parapente en biplace avec un moniteur qui conduit pour eux."
En tout, seize moniteurs brevetés d'Etat travaillent à temps plein aux Passagers du vent, dans cette petite commune d'environ mille sept cents habitants. Pour eux, le gros de la fréquentation se concentre sur la période estivale. "L'hiver, j'ai beaucoup de collègues qui basculent ensuite vers le ski", raconte par exemple Julien Irilli, moniteur de parapente d'Annecy, qui facture une séance de biplace 90 euros les vingt minutes, et 140 euros l'heure.
"DANS LA PISCINE"
En une semaine, les apprentis parapentistes peuvent très vite apprendre à voler de leurs propres ailes et piloter de manière autonome. Ce qui n'est pas sans risques. La Fédération française de vol libre enregistre une dizaine de morts par année parmi les licenciés français, et au moins sept ou huit morts de pilotes étrangers. "Ces décès, estime Jean-Pierre Pouleau, s'expliquent en majorité par le fait que des pilotes n'ont pas été assez méfiants par rapport aux conditions climatiques ou ne connaissaient pas assez l'environnement où ils volaient."
De quoi relancer le débat sur la potentielle dangerosité des sports de plein air, et en particulier celle des sports aériens. Pour les habitants des zones concernées, une défiance a aussi émergé pour des raisons plus... terre à terre : "Il est arrivé que des parapentistes atterrissent directement dans les piscines de particuliers ou dans des domaines privés. Il a fallu beaucoup de pédagogie pour expliquer l'importance qu'a le parapente, malgré tout ça, dans l'économie locale", explique Didier Sarda, conseiller municipal de Talloires.
Par Adrien Pécout

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.