mercredi 2 octobre 2013

Jeudi 3 octobre : La bonne tenue des galas de danse

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La bonne tenue des galas de danse

Le Monde.fr | 20.09.2013 à 10h20 • Mis à jour le 20.09.2013 à 13h53

vidéos :
http://www.youtube.com/watch?v=PldtQOjoJ_A
et http://www.youtube.com/watch?v=iGAA1emUqJ4
et http://www.youtube.com/watch?v=pvf0bAngBEU

Il ne coûte pas excessivement cher, mais peut rapporter gros. Il la joue artistiquement modeste, mais affole les enchères de la virtuosité. Il refuse l'idée de compét', mais monte sans mal sur le podium.

Le gala Les Etoiles du XXIe siècle investit le Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, du 20 au 22 septembre. Pour la 16e édition. Un succès unique en son genre : il est le seul dans sa catégorie prestige à tenir le haut de l'affiche en France. L'Hexagone n'est pas friand de ce type de compilation spectaculaire au regard de pays comme le Japon ou la Russie.

"Ça peut ressembler à une forme appauvrie du ballet, mais il ne faut pas confondre le ballet et la danse, assène Richard Stephant, producteur du spectacle. Le gala permet de présenter des extraits de pièces variées en faisant découvrir des interprètes qu'on ne voit parfois jamais en France." Comme cette année, Madina Basbayeva et Tair Gatauov, du Kazakhstan, ainsi que les très jeunes Mattia Russo, Daan Vervoort et Kayoko Everhart, de la Compania Nacional de Danza, de Madrid.

Historiquement, le gala (de "gale", mot espagnol ou italien signifiant "réjouissance") apparaît au tout début du XXe siècle pour qualifier des soirées de ballets et de pas de deux. Plus fréquents aux Etats-Unis et en Angleterre où les subventions sont rares, les galas ont souvent lieu au bénéfice de compagnies, d'écoles ou pour rendre hommage à des artistes avant de devenir des spectacles best of où la virtuosité prime. Au fil du temps, entre charité et fin d'année, le gala s'est taillé une garde-robe chic de sortie culturelle cadrée.

Solution de facilité artistique pour certains, la formule du gala de danse se résume vite : un plateau vide, peu de jeux de lumières, une bande-son. Au menu, une enfilade de pas de deux du répertoire classique – souvent choisis parmi les plus connus du répertoire comme Le Lac des Cygnes ou Don Quichotte – quelques variations modernes, chaque séquence ne dépassant pas dix minutes.

Et c'est la cerise qui fait le gâteau ! Les danseurs sont généralement des stars internationales qui garantissent à la soirée son impact. Au risque de faire passer les morceaux de barvoure pour des numéros de cirque ! "Et la danse, ce n'est pas uniquement de la performance physique, commente Julien Favreau, interprète-phare du Béjart Ballet Lausanne, invité pour la deuxième fois au gala Les Etoiles du XXIe siècle. Il faut que le programme d'un gala décline une palette de styles et d'humeurs représentative de l'art chorégraphique. Le feu d'artifice toutes les dix minutes, ça finit par ne plus avoir aucun sens !"

Cette recette étoilée expéditive a ses attraits. "Il y a un côté "payé comptant" dans ce genre de prestation qui n'est pas désagréable pour l'interprète comme pour le spectateur, glisse Kader Belarbi, danseur étoile de l'Opéra de Paris, à la tête du Ballet du Capitole de Toulouse depuis 2012. Tout jeune danseur, participer à des galas m'a appris énormément sur le travail de partenariat dans les pas de deux." "C'est comme un sprint au cours duquel il faut tout lâcher sans se rater", s'exclame Daniil Simkin, 25 ans, à l'affiche pour la sixième fois du gala Les Etoiles.

Daniil Simkin est ce que certains appellent, avec un mélange d'agacement et d'admiration, une "bête de gala". Logique. Il les enchaîne depuis l'âge de 12 ans avec son père, le danseur Dmitrij Simkin. Et continue de le faire dans le monde entier. Le voir en scène, c'est comprendre immédiatement son plaisir de s'exploser en quelques minutes devant des spectateurs frénétiques. "Ça fait partie de ma routine de danseur, explique-t-il. J'aime vraiment ça, même si ce n'est pas mon but ultime."

Le cas Simkin est représentatif du coup de trompette que peut devenir un gala. En 2007, inconnu au bataillon, il apparaît pour la première fois au gala Les Etoiles. "Il n'était que demi-soliste au Ballet de Vienne à l'époque, se souvient Richard Stephant. La compagnie m'avait même envoyé un autre danseur, soi-disant meilleur, pour la troisième représentation." Depuis, Simkin a été embauché à l'American Ballet Theatre (ABT) où il a été nommé principal (étoile) en décembre 2012.

Levier de célébrité imparable que le gala ? Incontestablement. "C'est une vitrine de premier plan pour se faire connaître à l'international, pointe José Martinez, danseur étoile de l'Opéra de Paris, directeur de la Compania Nacional de Danza, à Madrid, depuis 2011. Mais aussi un moyen de faire voyager des spectacles plus ou moins connus devant des publics différents."

Comme par exemple le répertoire de Roland Petit (1924-2011) dont la danseuse étoile de l'Opéra de Paris, Eleonora Abbagnato, a acheté les droits pour ses galas. Star dans son pays, l'Italie, elle y a développé une "carrière parallèle" grâce à un réseau de galas. Elle est l'une des étoiles qui en additionne le plus – deux par mois en moyenne dans une saison avec l'autorisation de la direction. Elle a d'ailleurs monté une petite troupe où la rejoignent parfois des collègues comme les danseurs étoiles, Nicolas Le Riche et Benjamin Pech.

D'un point de vue économique, le gala est d'un bon rapport. Pour le producteur, "c'est la formule abordable lorsqu'on n'a pas de gros moyens", dixit Richard Stephant qui annonce 200 000 euros de budget global "dont la majeure partie passe dans la location du Théâtre des Champs-Elysées. "

Pour les danseurs, il permet d'arrondir joliment les fins de mois. Daniil Simkin n'a un contrat que de trente-six semaines par an à l'ABT. Un danseur du corps de ballet de la Compania Nacional de Danza ne dépasse pas les 1 200 euros par mois. Lorsqu'on sait que, dans les galas, le cachet navigue en moyenne autour de 2 000 euros, et peut atteindre 5 000 euros pour les stars... Temps de crise, vive le gala !


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Les Etoiles du XXIe siècle. Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue Montaigne, Paris 8e. Le 20 et le 21 à 20 heures, le 22 à 16 heures. Tél. : 01-49-52-50-50. De 15 € à 89 €. www.theatrechampselysees.fr

Par Rosita Boisseau

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