dimanche 6 avril 2014

mardi 15 avril : CFA des métiers de l’aérien : les ingrédients d’une filière qui réussit

http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2014/03/22/formation-aux-metiers-de-laerien-les-ingredients-dune-filiere-qui-reussit/

CFA des métiers de l’aérien : les ingrédients d’une filière qui réussit

On n'a pas tous les jours l'occasion, dans le domaine de l'éducation, d'observer une filière qui fonctionne bien, dotée d'installations et d'équipements de qualité, dont les étudiants paraissent contents de leur sort et trouvent en général un emploi dans des conditions plutôt satisfaisantes. Donc, ne boudons pas notre plaisir lorsque cela se produit.
Des élèves du CFA avec leur formateur, devant un moteur de B747
Des élèves du CFA avec leur formateur, devant un moteur de B747.











La filière dont nous parlons ici est celle de l'Afmaé - l'Association pour la formation aux métiers de l'aérien, le plus gros CFA de France dédié au secteur. Basée à Massy, près de Paris, ce CFA dispose pour ses enseignements pratiques de locaux sur l'aérodrome de Toussus-le-Noble. Il accueille au total quelque 600 élèves, qui peuvent y suivre une vingtaine de formations : Bac pro aéronautique (technicien aérostructure, mécanicien systèmes cellule...), Bac pro logistique, BTS aéronautique, licence pro... Des formations dans le domaine tertiaire, préparant par exemple aux métiers de la relation client, sont également au programme. Le tout s'adresse à des jeunes de profils variés, issus de 3ème ou titulaires d'un Bac pro, d'un CAP, d'un BEP, d'un Bac généraliste, voire d'un BTS ou d'un DUT de type industriel ou aéronautique. Quelques-uns viennent même de math sup ou math spé.
Un enseignement associant théorie et pratique
L'Afmaé propose aussi de nombreux cycles de formation continue (stages de réactualisation des connaissances, perfectionnement métier...), et développe depuis peu des activités de services RH (recrutement, sélection de candidats...).
"Notre mission première est de permettre à des jeunes d'accéder rapidement à un emploi, même en période de crise", souligne Laurent Couppechoux, l'un des responsables du CFA. Pour cela, un certain nombre d'ingrédients sont réunis. D'abord, bien sûr, un enseignement associant théorie et pratique, dans la tradition de l'alternance. Les formateurs sont d'ailleurs, en grande majorité des professionnels chevronnés. Deuxième élément clé : la formation accorde une large place à la pédagogie par projets. Exemple, la construction par les apprentis, en liaison avec les élèves-ingénieurs de l'Estaca, d'un dirigeable à propulsion solaire destiné à la surveillance des feux de forêt. Une façon de responsabiliser les élèves.
Enfin, comme cela s'impose dans le secteur de l'aérien, la sécurité est une préoccupation constante, présente dans tous les enseignements. Les élèves doivent en permanence agir dans le strict respect des procédures, étape par étape, et apprennent à travailler dans les règles de l'art. "Nous acceptons l'erreur, à condition qu'elle soit reconnue et correctement analysée", explique Hervé Wlasly, responsable hangar, lui-même mécanicien avion de profession, aujourd'hui formateur.
Les élèves peuvent démonter, remonter et observer le matériel
Pour mener à bien sa mission, l'Afmaé dispose aussi d'outils de qualité : un centre de formation doté d'équipements de qualité (soufflerie, micro-réacteur...), contigu à un vaste hangar de construction récente, qui abrite notamment deux avions "opérationnels" (des Mystère 20 de Dassault), trois moteurs de Boeing 747, des portes d'avion, des parties de fuselage... Autant de matériels que les élèves peuvent démonter, remonter et observer à loisir, sous la conduite des formateurs.
Ce n'est pas tout : l'Afmaé dispose d'un aéro-club qui possède cinq petits avions aux couleurs de l'école. Les élèves en assurent la maintenance dans le cadre de projets pédagogiques, en étant rémunérés sous forme d'heures de vol à des tarifs défiant toute concurrence. Une quarantaine d'entre eux peuvent ainsi préparer ainsi leur brevet de pilote, pour un coût très modique.
L'établissement s'appuie en outre sur quelque 83 entreprises partenaires - dont une dizaine, comme Air France ou Thales siègent à son conseil d'administration du CFA. Les résultats sont là : 87 % des diplômés issus des filières techniques sont recrutés dans les deux mois suivant leur sortie - il est vrai que le taux est moindre pour les filières tertiaires. Et le CFA ne compte que 2 % de ruptures de contrat - contre 25 % sur l'ensemble de l'Ile-de-France. "Nous avons des élèves appliqués, motivés et passionnés, souligne Laurent Couppechoux. Les métiers de l'aérien font rêver de nombreux jeunes. Mais beaucoup se disent que ces métiers leur sont inaccessibles. Nous leur prouvons le contraire." Des liens avec des écoles d'ingénieurs, comme l'ISAE, l'ENAC et surtout l'Estaca, permettent même aux élèves les plus brillants de poursuivre leurs études après l'Afmaé.
L'établissement peine à recruter des filles
Deux zones d'ombre, cependant, dans ce tableau. D'abord, la situation financière de l'Afmaé reste assez fragile, et de plus en plus dépendante de nouvelles activités comme la formation continue. Il est vrai que le budget de fonctionnement est conséquent : environ 6,5 millions d'euros. Ce qui n'empêche pas l'Afmaé de réfléchir à son développement, et de projeter d'ouvrir, à l'horizon 2016, un nouveau centre de formation au Bourget, essentiellement dédié à la maintenance.
Autre problème : l'établissement peine à recruter des filles, qui restent peu présentes dans les métiers techniques de l'aérien.
Que retenir de cet exemple ? Quels enseignements en tirer ?
Que la réussite d'un tel dispositif repose sur la conjonction d'un ensemble de facteurs : un secteur d'activité, l'aérien, en bonne santé et porteur, des industriels qui se mobilisent et s'impliquent fortement, des enseignants passionnés et (surtout) des élèves très motivés. Parce qu'ils travaillent sur du concret (c'est le principe même de l'alternance), parce qu'ils sont responsabilisés durant leur formation, et parce qu'ils savent que tout cela sert à quelque chose et aboutit, in fine, à un emploi durable. De leur côté, les enseignants sont enthousiastes parce qu'ils ont face à eux des élèves eux aussi motivés... Et si les industriels se mobilisent, c'est parce qu'ils apprécient l'engagement des formateurs et la motivation des élèves... Bref, c'est une spirale positive qui s'est installée autour de l'Afmaé.
L'exemple est-il transposable à d'autres secteurs, à d'autres formations ? Ce n'est pas évident, bien sûr. Mais on peut au moins essayer de s'en inspirer.
Rens. : www.cfadelaerien.fr

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