Les adieux triomphaux de Natalie Dessay

A Toulouse, Natalie Dessay a incarné, une dernière fois, la Manon de Jules Massenet, faisant ses adieux à l'opéra.

"Profitons bien de la jeunesse", chante Manon dans le troisième acte de l’opéra éponyme de Jules Massenet. Elle a bien profité et nous a bien fait profiter de l’éclat vocal de sa jeunesse, la diva Natalie Dessay. A 48 ans, avec une série de représentations deManon au Capitole de Toulouse, elle fait ses adieux au public lyrique. Plutôt que d’adieux, ses amis préfèrent parler de "pause". Elle envisage un tournant de sa carrière avec une série de récitals où elle interprétera le répertoire de l’auteur des Parapluies de Cherbourg, Michel Legrand. La tournée commencera le 27 octobre à l’Olympia.

Reviendra-t-elle un jour au lyrique? La décision ne dépend que d’elle. Dans Manon, toujours aussi roucoulante, merveilleuse dans des vocalises inouïes, sa voix ne s’est pas enrichie dans le médium et dans le grave. C’est parce qu’elle connaît ses limites qu’avec pertinence, elle arrête, sachant qu’il y a une autre vie après l’opéra, elle qui rêve également depuis l’adolescence de devenir comédienne. La Manon qu’elle a interprétée dimanche après-midi était vibrante, intelligente, sensible. En entendant les malheurs de cette jeune femme que perdra son goût pour l’argent et le luxe, on se prenait à avoir des réactions de midinette!

Aux côtés de Natalie Dessay, a été découverte une voix qui a pris de l’ampleur, celle du ténor américain Charles Catronovo. La mise en scène passe-partout de Laurent Pelly a été vue déjà à New York et au Covent Garden de Londres : les opéras de ces deux villes, la reprendront encore une fois l’an prochain. Quand à l’orchestre du Capitole dominé d’une manière énergique par le chef Jesus Lopez Cobos, il sonne certes excellemment, parfois un peu trop fort. Il fait regretter la direction toute en nuances, en camaïeu et en tendresse du maître de la musique française, ancien directeur de ce même orchestre, Michel Plasson.

Manon au Capitole de Toulouse. Jusqu’au 15 octobre. Tel : 05 6163 13 13

Nicole Duault - leJDD.fr

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