mardi 4 mars 2014

lundi 10 mars : A Lons-le-Saunier, le tennis est réservé à tous

http://www.lemonde.fr/sport/article/2014/01/29/a-lons-le-saunier-le-tennis-est-reserve-a-tous_4353535_3242.html

A Lons-le-Saunier, le tennis est réservé à tous

Le TCBL n’est pas peu fier de sa vice-championne, une des douze adolescents du lycée professionnel Montciel à suivre des cours de tennis auprès d’une professeure diplômée.

La renommée d’Eva Cretin n’a guère franchi les limites des courts du Tennis club du bassin de Lons-le-Saunier (TCBL). Pourtant, cette lycéenne est vice-championne de France de tennis, catégorie senior. De tennis « adapté », faut-ilajouter, adjectif qualifiant la pratique sportive des personnes qui souffrent de handicaps mentaux ou cognitifs. C’est avec un large sourire que la jeune fille, arborant autour du cou une raquette miniature au bout d’une chaînette, revient sur sa défaite en finale, en juin 2013 à Clermont-Ferrand« Pourtant, j’avais mon papa comme coach », s’étonne l’athlète, telle une jeune Marion Bartoli. Pour la première fois de sa vie, Eva a toutefois gravi la deuxième marche d’un podium avant d’être reçue au conseil général du Jura pour la remise de sa médaille.

Le TCBL n’est pas peu fier de sa vice-championne, une des douze adolescents du lycée professionnel Montciel à suivre des cours de tennis auprès d’une professeure diplômée. Autistes pour la plupart, ils font partie d’une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS). L’accès à ce sport leur a été ouvert grâce au projet « Echange gagnant », lancé en 2012 par le club lédonien qui accueille aussi douze élèves de l’ULIS du collège Artistide-Briand et six adultes, handicapés physiques, de l’établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de Lons-le-Saunier.
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LA DÉCOUVERTE DE LA VIE ASSOCIATIVE ET DE L’ESPRIT D’ÉQUIPE
La « ville du sel » abritait autrefois le club des Salines, dont les installations ont été progressivement dégradées par le chlorure de sodium. Le rachat des terrains par Géant Casino fut une aubaine. Le chèque de 450 000 euros a permis de bâtir sur une friche de nouveaux courts municipaux (cinq couverts, douze extérieurs, dont quatre en terre battue et huit en quick) avec la mairie comme maître d’œuvre. Disposant d’un bail emphytéotique, le TCBL a ouvert ses portes en 2007 et compte aujourd’hui près de 600 adhérents – ce qui n’est pas mince pour une commune de 18 000 habitants – grâce à une démocratisation sans limites. La création de sections spécialisées a été inscrite dans les statuts et est bénéfique pour tout le monde. « Quand on a dit qu’on allait baisser le prix des cotisations etfaire venir des handicapés, on a entendu : “On n’est plus chez nous” », se souvient un habitué. Pour marquer le changement d’époque, le club s’est doté d’un slogan en forme d’oxymore : « Le tennis, un sport réservé à tous ».
« Pour être franche, je trouvais que ce sport était peut-être trop difficile pour des autistes car il se pratique avec un partenaire, avoue Marie-Claire Derungs, retraitée et bénévole chargée d’« Echange gagnant ». Au début, ils rasaient les murs. Aujourd’hui, après la séance, ils discutent. Le tennis représente un bon équilibre car c’est un sport individuel qui socialise. Pour eux, un sport collectif me paraît quasiment impossible. A part le foot, je n’en vois pas. »
VALORISER LES QUALITÉS DE CHACUN
Outre la coordination des déplacements et des gestes, le maniement de la raquette permet de fixer comme objectifs la découverte de la vie associative et celle de l’esprit d’équipe. « C’est une activité qui les rapproche, développe d’autres compétences et leur offre un moyen de se rattraperrelève Florence Richaudeau, éducatrice accompagnatrice. Sur un court, Eva est précise dans ses gestes, alors qu’en cours de cuisine elle cassera une douzaine d’œufs avant de séparer le blanc du jaune. »
Dans cet apprentissage, la compétition apparaît comme un défi supérieur et utile pour « se confronter à quelqu’un d’autre et surmonter sa peur », note Marie-Claire Derungs. « Il leur faut gérer le risque de perdre et accepter un arbitre, ce qui n’est pas toujours évident. L’un d’eux a failli casser sa raquette sur la tête de Muriel, qui arbitrait, car il estimait que sa balle était bonne. » Muriel, c’est Muriel Pouget, l’enseignante responsable du dispositif ULIS au lycée Montciel. « Quand on a été longtemps frustré de ne pas faire beaucoup de choses, on montre beaucoup plus d’envie, constate-elle. Au début, je jouais et je gagnais à peu près contre tous. Je n’ai pas progressé, eux si. »
Il faut savoir composer avec la personnalité de chacun. Mathias, autiste Asperger(le syndrome présenté dans le film Rain Man), peut piquer une crise pour deux minutes de retard par rapport à l’horaire annoncé. Eva renverra docilement la balle en direction d’une adversaire si celle-ci le lui demande. Trois catégories sont définies selon les niveaux : D1 (un rebond accepté), D2 (deux), D3 (deux, avec une balle semi-dure). Evoluant en D1, Eva a une fois été versée par erreur en D2. Le blocage a été insurmontable.
« Nous avons en D3 des personnes dont je n’aurais jamais imaginé une seconde qu’elles pourraient jouer au tennis, se réjouit Muriel Pouget. Ce sport parvient àfavoriser leur insertion sociale et professionnelle, en valorisant les qualités de chacun. Celles d’Eva est d’être souriante, toujours contente. » Une aptitude étonnante, aussi rare qu’exceptionnelle dans l’actuelle société française.

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