vendredi 14 mars 2014

Vendredi 21 mars : Wifeel, l’application sociale qui donne un autre relief à vos émotions

http://alternatives.blog.lemonde.fr/2014/03/09/wifeel-lapplication-qui-donne-un-autre-relief-a-vos-emotions/

Neuf personnes sur 10 ressentent le besoin de partager la cause de leurs émotions: "il y a chez l’être humain un besoin naturel très fort d’exprimer et partager ses émotions. Selon certaines études, 96% des personnes âgées de 12 à 72 ans disent partager avec d’autres les causes de leurs émotions. 60% le jour même, 84% à plusieurs reprises" explique Bernard Rimé dans "Le partage social des émotions".

Wifeel part de ce constat, et du manque de nuances contenues dans le simple "like" permis par Facebook depuis 2010, pour proposer une palette de cinquante émoticônes. De la sorte, l'internaute nomade peut exprimer ses émotions selon où il est et ce qu'il fait, il peut consulter celles des autres, puis  interagir avec son environnement et de fait, à terme, avec ses marques ou organisations favorites.

Ambition: devenir la première plateforme universelle d’expression et de statistiques émotionnelles: "avec Wifeel, les émotions deviennent des données auxquelles les utilisateurs peuvent attacher #sujets, commentaires, images, lieux" explique Xavier de Fouchécour alors que l'idée lui est venue suite à la demande d'un client de son agence de communication qui cherchait un moyen de comprendre comment les gens s’expriment sur leur santé lorsqu’ils sont à domicile. S'intéressant par ailleurs à la psychologie, au fonctionnement du psychisme et aux approches basées sur les émotions, "l’idée de Wifeel a surgi à la croisée de ces deux recherches" ajoute-t-il.

Laisser place à l'intelligence émotionnelle

En filigrane, l'idée consiste aussi à redonner de la place à l'émotion, longtemps déconsidérée et opposée à l’intelligence et à la raison. Xavier de Fouchécour n'hésite pas à citer les travaux du neuroscientifique Antonio Damasiopour rappeler qu'il n'y pas d'intelligence sans émotions. "D’un point de vue psychologique, prendre conscience de son émotion est tout à fait différent que se laisser emporter par elle. L’idée n’est pas de la contrôler mais de la voir, de l’accepter comme la vérité de l’instant en la laissant nous traverser, sans nous identifier à elle. Wifeel peut donc avoir cet usage particulier. Mais elle peut aussi donner à voir cette énergie qui nous relie: le numérique permet d'avantage de mesurer et partager les émotions" déclare celui pour qui cela s'inscrit avec l'avènement d’une civilisation de l’empathie telle qu'annoncé par Jeremy Rifkin.
Mais attention: exprimer ainsi ses émotions va beaucoup plus loin qu'un "like". "Wifeel n’invite pas les gens à juger mais à dire ce qu’ils ressentent. Cela change tout car il y a un engagement plus fort de l’émetteur qui est dans la vérité de son ressenti — que personne ne peut lui contester — et non pas dans le jugement — qui peut toujours être opposable et source de nouveaux jugements. Cela rend possible les émotions dites négatives. La cinquantaine d'émotions proposées par Wifeel permet une granularité dans l’expression et donc la production de statistiques beaucoup plus riches" est-on prévenu.
A ceux qui auraient peur de trop dévoiler, les créateurs de l'application répondent que chaque usager reste libre de l'audience envers laquelle il souhaite s'exprimer. L’émotion étant le point d’entrée de l’expression (et non pas quelque chose que l’on rajoute à un statut comme sur Facebook), ce qui est partagé se révèle aussi plus sensible et invite à une certaine bienveillance.

De nouveaux reliefs émotionnels

A terme, l'équipe promet de mettre en place un comité éthique destiné à définir les règles d’exploitation des données recueillies. Elle promet aussi de ne jamais succomber au ciblage individuel: "ce n’est pas parce que vous êtes triste qu’on vous balancera une publicité pour des mouchoirs en papier… Imposer une publicité contextuelle n’est pas le modèle économique de Wifeel" assure Xavier de Fouchécour, qui cherche actuellement des investisseurs pour soutenir son développement.
WifeelIl demeure que l'une des grandes originalités de Wifeel est de proposer un retour statistiques des émotions exprimées. Cela nourrit une logique de Quantified Self mais aussi une optique de recommandations ou d’expression communautaire autour d’un événement ou d’une cause.
Pour les marques, Wifeel permet aussi de fournir une mesure tangible au capital émotionnel: "Dans une approcheB to B, Wifeel permettra aux producteurs/éditeurs/marques — en ligne ou dans la vie réelle — d’offrir à leur public la possibilité de qualifier émotionnellement leur contenu et/ou d’y accéder via le ressenti des autres" explique Xavier de Fouchécour en soulignant que l'installation du widget sur un site est aussi facile que celle du "like" de Facebook.
Actuellement disponible sur iOs et Android, en version française et anglaise, l'usage de l’application est gratuite mais ses fonctionnalités avancées B to B sont payantes. L'option "Média" permet par exemple de capter et qualifier un flux émotionnel en ligne ou en situation, via smartphone, puis de le restituer en ligne. "Dans le cadre d’une entreprise ce système peut servir à produire un baromètre émotionnel" souligne le fondateur qui applique la même logique à l'option "In Situ", où le flux émotionnel peut se restituer en direct sur des lieux culturels ou événementiels. "Ce système permet de capter et donner en temps réel un feedback visuel du ressenti associé à l’évènement. Ce système a été déployé avec succès dans le cadre de l’actuel Happy show de Stefan Sagmeister à la Gaité Lyrique" ajoute Xavier de Fouchécour.
A terme, des statistiques anonymisées pourront aussi être vendues, et un site agrégera les statistiques émotionnelles produites à l’aide du widget Média.
Bref, de quoi cartographier l'empathie et connecter nos sensibilités ! Certains "likeront", d'autres pas ;)
Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter

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