mardi 18 février 2014

Mercredi 19 février : Une prothèse de main qui rend le sens du toucher

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Le Point.fr - Publié le  

VIDÉO. Une prothèse de main qui rend le sens du toucher

Une équipe européenne vient de tester, avec succès, une main mécanique dotée de sensibilité sur un patient ayant perdu un bras. Explications.

Dans le cadre d'un premier essai thérapeutique, Dennis Aabo Sorensen, amputé depuis neuf ans, s'est prêté à toute une batterie de tests pour évaluer les performances de la prothèse.
Dans le cadre d'un premier essai thérapeutique, Dennis Aabo Sorensen, amputé depuis neuf ans, s'est prêté à toute une batterie de tests pour évaluer les performances de la prothèse. Lifehand 2, Patrizia Tocci
"J'ai pu ressentir des sensations que je n'avais plus ressenties depuis neuf ans", affirme, enthousiaste, Dennis Aabo Sorensen. Le Danois de 36 ans, amputé du bras gauche il y a neuf ans après avoir manipulé des feux d'artifice, vient de tester avec succès la première prothèse de main capable de restituer, en temps réel, la sensation du toucher. Une aptitude à sentir la forme et la consistance des objets loin d'être de pur confort puisqu'elle conditionne très largement leur manipulation. Imaginez que vous saisissiez de la même façon une pêche bien mûre et une pomme, que se passerait-il ? Ainsi les prothèses actuelles obligent-elles les patients à toujours regarder très attentivement ce qu'ils font pour tenter d'ajuster, autant que faire se peut, la pression exercée par leur prothèse sur les objets.

C'est à l'hôpital Gemelli de Rome (Italie), en janvier 2013, que l'essai clinique a été mené dans le cadre d'un projet européen baptisé LifeHand2, associant des chercheurs italiens, suisses et allemands. Sous la direction de la neurologue Paola Maria Rossini, quatre très fines électrodes, mises au point par l'équipe de Thomas Stieglitz de l'université allemande de Fribourg, ont été implantées dans le moignon du patient, sous la peau, au niveau des nerfs périphériques du bras, cubital et médian. Leur fonction : transmettre les informations de la prothèse vers le système nerveux jusqu'au cerveau du patient et, bien sûr, inversement.
Trois semaines et quelques réglages plus tard, Dennis Aabo Sorensen était équipé de l'innovante prothèse dotée d'un système sensoriel artificiel. Développé par l'équipe de Silvestro Micera, de l'école supérieure Sant'Anna de Pise (Italie), également responsable du laboratoire suisse d'ingénierie neurale translationnelle de l'école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le dispositif repose sur des capteurs capables de réagir à la tension des tendons artificiels de la main mécanique. Des informations transmises sous la forme de signaux électriques puis converties, via un algorithme, en impulsions nerveuses déchiffrables par le cerveau du patient.

Une habileté améliorée
Pendant une semaine, Dennis Aabo Sorensen et les équipes du projet LifeHand2 ont testé ensemble le système. Leur crainte principale était qu'après neuf ans d'inactivité les nerfs de Dennis aient perdu de leur sensibilité. Mais il n'en est rien. "Quel moment excitant lorsqu'après des heures interminables de tests Dennis s'est tourné vers nous et a déclaré, incrédule : C'est magique ! Je peux sentir ma main artificielle se fermer !" raconte Stanislas Raspopovic, un des membres de LifeHand2. "Lorsque je soulevais un objet, je pouvais sentir s'il était doux, dur, rond ou carré", rapporte le patient, plein d'espoirs, même si, conformément à la législation européenne en matière d'essais thérapeutiques, sa prothèse a dû lui être rapidement retirée. Un masque sur les yeux et un casque bien isolant sur les oreilles, Dennis s'est prêté à toute une batterie de tests. Résultats : d'une part, il était capable de définir relativement précisément les objets qui lui étaient présentés et, d'autre part, il parvenait, avec une dextérité grandissant au fil des expériences, à adapter la pression de sa prothèse en fonction de ces objets. Une petite révolution !

Bien sûr, la commercialisation de cette nouvelle prothèse n'est pas encore pour demain, mais les chercheurs ont tout de même l'espoir d'y parvenir d'ici cinq à quinze ans. Avant cela, il faudra procéder à de nouveaux essais comme celui-ci, sur différents profils de patients et sur une durée plus longue. Car il faut voir comment les électrodes, et surtout les nerfs ainsi implantés, vont se comporter dans le temps. Par ailleurs, les porteurs du projet ont aussi l'ambition de parvenir à miniaturiser le dispositif jusqu'à pouvoir le dissimuler totalement sous la peau des patients. 

en vidéo : http://bcove.me/b29m6ofl 

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