mercredi 20 août 2014

lundi 18 août : une femme reçoit la médaille Fields (mathématiques) pour la 1ère fois

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1232811-la-medaille-fields-decernee-a-une-femme-esperons-que-cela-cree-des-vocations.html

La médaille Fields décernée à une femme : espérons que cela crée des vocations

Maryam Mirzakhani a remporté la plus prestigieuse récompense en mathématiques, la médaille Fields, le 12/08/14 (AP/SIPA)

L'Iranienne Maryam Mirzakhani est la toute première femme lauréate de la médaille Fields, récompense prestigieuse attribuée pour la reconnaissance de travaux en mathématiques. Ses résultats en géométrie et en dynamique lui ont valu cette distinction. 

Cette importante distinction est l’occasion de battre en brèche l’idée largement répandue dans notre société selon laquelle les femmes n’auraient pas "la bosse des maths".

Par ailleurs, son regard intense, son beau visage, sont à l’opposé de la représentation convenue que l’on se fait du mathématicien…

La médaille Fields pourrait susciter des vocations

L’association Femmes et mathématiques se réjouit de cette nomination à la fois parce qu’elle donne un modèle positif pour les jeunes filles qui réfléchissent à leur orientation et parce que Maryam Mirzakhani a elle-même bien compris l’enjeu pour les femmes d’une première médaille Fields féminine :

"Je serai contente si cela encourage de jeunes scientifiques et mathématiciens femmes. Je suis sûre qu'il y aura de nombreuses autres femmes qui remporteront ce genre de récompense dans les années à venir".

N’oublions pas que des inégalités importantes entre filles et garçons se manifestent dans l’orientation scolaire. Les femmes hésitent à se lancer dans des métiers largement dominés par les hommes. C’est le cas des domaines scientifiques, pourtant prometteurs d’emplois.

Les filles sont encore et toujours minoritaires dans les sciences

Quelques chiffres : au lycée, à la fin de la seconde, 38% des garçons entrant en première générale se dirigent vers la série S (scientifique) et seulement 28% des filles.

Parmi les bacheliers S, les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles à choisir une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) scientifique : 18% contre 9%.

En CPGE, on trouve 42% de filles inégalement réparties dans les différentes filières avec seulement 23% en MP, 17% en MP* (Mathématiques et Sciences physiques).

À l’ENS Ulm, les filles ne représentent que 9% des candidats au concours MP, contre 56% au concours BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre) ou 64% au concours AL (en lettres).

A l’université, en cursus licence, les étudiantes représentent 56,5% de la population totale mais seulement 28% en sciences fondamentales et appliquées.

Dans les écoles d’ingénieurs, 28% des étudiants sont des étudiantes.

Le constat est clair et sans appel. Les filles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à entreprendre des études scientifiques. Pire encore : les femmes, aussi douées soient-elles, ont bien du mal à trouver leur place dans le monde des mathématiques.

En France, le CNRS compte 84% de mathématiciens, contre 16% de mathématiciennes. Et les chiffres ne sont pas plus encourageants à l'université. Il reste aujourd'hui une trentaine de femmes professeurs de mathématiques pures contre 500 hommes environ. Toutes disciplines et grades confondus, on a à l'université 40% des femmes pour 60% d'hommes. En mathématiques, c'est 20% de femmes pour 80% d'hommes.

De la menace du stéréotype 

Les filles sont-elles vraiment  moins bonnes en maths que les garçons ? Ou bien se conforment-elles inconsciemment aux idées reçues sur le sujet ?

Imaginez, vous êtes une fille et les médias, les enseignant-e-s, les parents, etc. convergent pour diffuser, à petites doses, pour votre bien, et bien souvent sans en être conscients, cette idée convenue que les filles ne sont pas bonnes en maths, qu'elles n'ont pas une bonne vision dans l'espace, etc. Que peut-il se passer ?

Quelques-unes relèveront le défi de prouver aux enseignants, aux parents ; que ce sont des idées fausses mais la plupart se conformeront aux attentes des adultes et valideront les idées reçues. C'est ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice. En psychologie sociale, on parle de la menace du stéréotype [à lire en anglais ici].

Les mathématiques peuvent être difficiles pour les filles comme pour les garçons, ni plus, ni moins. Pourquoi toujours parler des mathématiques comme d’une discipline difficile d’accès et ne pas insister sur le rôle de l'intuition, de l'imagination, de la beauté, de la notion de langage universel. Du plaisir que l’on prend à en faire, pour les filles comme pour les garçons ?

Des actions pour promouvoir les sciences auprès des filles

Plusieurs associations ont parmi leurs objectifs de promouvoir les études scientifiques auprès des filles. Femmes et mathématiques, l’une d’entre elles, organise des journées "Filles et maths : une équation lumineuse" à l’attention des filles scolarisées de la Troisième à la Terminale S et même à des étudiantes en CPGE ou en licence.

Parmi les nombreuses actions que nous organisons, il y a le Forum des mathématiciennes : Les mathématiciennes au regard de l’excellence le 17 octobre 2014 de 9h à 12h30 à l’Institut Henri Poincaré, à Paris avec des conférencières du Congrès International des Mathématiciens ICM2014.


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